Cette étude avait deux objectifs principaux :
1) Estimer les effets groupés des PPB sur la réduction de l'incidence globale et de certaines régions corporelles spécifiques (membre inférieur, cuisse, genou et cheville) des blessures chez les athlètes d'équipes de sport de jeunes.
2) Comparer les effets des PPB à composante unique (s-PPB) et à composantes multiples (m-PPB) sur l'atténuation du risque de blessure. Un objectif secondaire était d'explorer les effets individuels des différentes composantes d'exercice sur ces taux d'incidence.
Les PPB sont des stratégies d'entraînement à base d'exercices, sous forme de protocoles standardisés d'échauffement (comme le FIFA 11+) ou d'interventions indépendantes, qui visent à réduire le nombre de blessures chez les jeunes athlètes d'équipe. Ces PPB intègrent généralement des exercices ciblant les principaux facteurs de risque modifiables des blessures des membres inférieurs, qui sont la région anatomique où les blessures surviennent le plus fréquemment chez les jeunes sportifs.
Les différentes composantes d'exercices incluses dans ces PPB sont :
- Renforcement musculaire
- Pliométrie
- Stabilité
- Vitesse et agilité
- Coordination et échauffement
- Flexibilité
Les PPB peuvent intégrer une seule de ces composantes (PPB à composante unique ou s-PPB) ou plusieurs d'entre elles (PPB à composantes multiples ou m-PPB).
L'objectif est que la pratique régulière de ces exercices au cours des séances d'entraînement permette de réduire les facteurs de risque de blessures et donc d'en diminuer l'incidence chez les jeunes athlètes.
Durée et fréquence des PPB
Dans cette étude, la durée des PPB variait de 12 à 48 semaines, avec une fréquence allant de 1 à 6 jours par semaine. La plupart des PPB étaient implémentés 2 fois par semaine pendant 20 à 40 semaines. Cette durée et cette fréquence régulière d'exposition aux exercices des PPB sont essentielles pour permettre des adaptations neuromusculaires et biomécaniques favorables à la prévention des blessures chez les jeunes athlètes.
Supervision et encadrement des PPB
Différents acteurs étaient chargés de superviser l'exécution des exercices des PPB au cours de l'intervention :
- Des chercheurs/expérimentateurs
- Les entraîneurs des équipes
- Les athlètes eux-mêmes
Cette supervision attentive, que ce soit par du personnel qualifié ou par les athlètes, est cruciale pour s'assurer du respect de la bonne technique d'exécution des exercices et ainsi maximiser l'efficacité des PPB. En effet, une mauvaise réalisation des exercices pourrait compromettre les bénéfices attendus en termes de prévention des blessures.
Une recherche systématique a été effectuée jusqu'en janvier 2024 dans différentes bases de données. Les études éligibles devaient évaluer des interventions à base d'exercices contre un groupe contrôle, rapporter les taux d'incidence globale des blessures, et inclure des jeunes (≤19 ans) pratiquant des sports d'équipe.
Une méta-analyse classique a d'abord été réalisée pour estimer les effets groupés des PPB. Ensuite, une méta-analyse en réseau a permis de comparer les effets des s-PPB et m-PPB, ainsi que d'explorer les effets individuels des différentes composantes d'exercice.
28 semaines
DURÉE MOYENNE DES PROGRAMMES
• Réduction moyenne d'environ 35% de l'incidence globale, des membres inférieurs, de la cuisse, du genou et de la cheville.
• La plupart des PPB ont démontré des effets significatifs d'atténuation du risque pour les blessures globales et des membres inférieurs par rapport au groupe témoin.
• Les interventions de renforcement (IRR=0,3) et de flexibilité (IRR=0,49), ainsi que celles incluant de la stabilité, se sont avérées les plus efficaces.
• La plupart des PPB (sauf 9 et 11) se sont avérés plus efficaces que les groupes témoins.
• Les plus efficaces étaient ceux de renforcement (s-PPB 2 ; IRR=0,3) et de flexibilité (s-PPB 5 ; IRR=0,49).
• La plupart des PPB (sauf 9, 11 et 13) se sont avérés plus efficaces que les groupes témoins.
• Le plus efficace était celui de renforcement et stabilité (m-PPB 12 ; IRR=0,33).
• Seuls les PPB de flexibilité (5 ; IRR=0,32) et renforcement+pliométrie+stabilité (8 ; IRR=0,65) se sont avérés plus efficaces que le groupe témoin.
• Seuls les PPB de flexibilité (5 ; IRR=0,30), renforcement+pliométrie+stabilité+vitesse/agilité+échauffement (7 ; IRR=0,60) et renforcement+pliométrie+stabilité (8 ; IRR=0,63) se sont montrés plus efficaces.
• Trois PPB se sont avérés plus efficaces que le groupe témoin : stabilité (3 ; IRR=0,14), renforcement+pliométrie+stabilité (8 ; IRR=0,57) et renforcement+stabilité (12 ; IRR=0,48).
Figure de gauche : Ces graphiques en réseau montrent les comparaisons directes entre les différents programmes de prévention des blessures (PPB) pour chaque type de blessure (globales, membres inférieurs, cuisse, genou, cheville). Chaque nœud représente un type de PPB ou le groupe contrôle, et les lignes entre les nœuds indiquent les comparaisons directes faites dans les études.
Figure de droite :
Ces forest plots présentent les résultats des méta-analyses en réseau pour chaque type de blessure. Chaque ligne représente un PPB comparé au groupe contrôle. Les points et les lignes horizontales montrent le ratio de taux d'incidence (IRR) et son intervalle de confiance à 95%. Un IRR inférieur à 1 indique que le PPB est plus efficace que le contrôle pour réduire les blessures.
Blessures globales :
• Les composantes de renforcement, flexibilité et stabilité semblent avoir les plus grands effets d'atténuation du risque de blessure.
Blessures des membres inférieurs :
• La composante de flexibilité semble avoir le plus grand effet protecteur.
Blessures de la cuisse et du genou :
• La composante de flexibilité semble avoir le plus grand effet protecteur.
Blessures de la cheville :
• La composante de stabilité semble avoir le plus grand effet protecteur.
Résumons :
Cette étude fournit des informations essentielles pour les entraîneurs et les professionnels de santé travaillant auprès des jeunes athlètes d'équipe. Ses résultats permettent d'identifier les composantes clés à inclure dans les programmes d'entraînement afin de prévenir efficacement les blessures. Tout d'abord, l'étude montre que l'intégration d'exercices ciblés de renforcement musculaire, de flexibilité et de stabilité dans les séances d'entraînement est primordiale. Ces trois composantes semblent être les plus efficaces pour réduire significativement le risque global de blessures, ainsi que les blessures spécifiques aux membres inférieurs, à la cuisse, au genou et à la cheville. Les entraîneurs devraient donc systématiquement incorporer ce type d'exercices dans leurs programmes, en veillant à respecter les recommandations en termes de volume, d'intensité et de progression. Cela peut prendre la forme d'échauffements standardisés (comme le FIFA 11+) ou d'ateliers d'entraînement dédiés à ces composantes.
Portée de l'application pratique
Au-delà de l'identification des composantes clés, cette étude souligne l'importance de la prévention des blessures chez les jeunes athlètes d'équipe. Les réductions de risque allant jusqu'à 70% pour certaines régions corporelles démontrent le fort potentiel des PPB pour préserver la santé et le bien-être de cette population.En effet, les blessures sportives chez les jeunes peuvent avoir des conséquences négatives à court et long terme, comme une absence prolongée de la pratique, un arrêt prématuré de la carrière ou des problèmes fonctionnels futurs. Mettre en place des stratégies de prévention efficaces est donc crucial pour permettre aux jeunes athlètes de profiter pleinement des bienfaits de la pratique sportive. Au-delà du seul cadre sportif, ces résultats peuvent également s'appliquer à d'autres contextes impliquant des jeunes en activité physique, comme l'école ou les loisirs. Promouvoir des programmes de prévention des blessures dans ces environnements pourrait avoir un impact majeur sur la santé et le développement des adolescents.
