Les professionnels interrogés, tous diplômés et expérimentés, reconnaissent l’importance du consensus UEFA comme cadre de référence. La plupart disent s’en inspirer activement. Mais rapidement, la réalité du terrain s’impose : entre contraintes logistiques, hiérarchies informelles dans les staffs, diversité des joueurs et imprévus permanents, la nutrition dans les clubs est souvent une affaire d’adaptation plutôt que d’application stricte.
Certains nutritionnistes témoignent de leur isolement au sein du staff médical ou performance, de la difficulté à obtenir un suivi régulier des joueurs, ou encore du manque d'adhésion de certains entraîneurs qui considèrent encore la nutrition comme secondaire.
Les principaux obstacles identifiés sont :
- La culture du club : le soutien de l’entraîneur principal et du staff dirigeant est crucial. Sans cela, même le meilleur protocole reste lettre morte.
- Le manque de temps et de disponibilité des joueurs : entre les matchs, les déplacements et les sollicitations médiatiques, instaurer des routines nutritionnelles devient un vrai défi.
- La pluralité culturelle : dans un même vestiaire, cohabitent des dizaines de nationalités, avec des croyances, préférences et pratiques alimentaires différentes. L’approche doit être sur-mesure.
- Le rôle flou du nutritionniste : parfois perçu comme un simple « conseiller », son statut peut manquer de légitimité face aux kinés, médecins ou préparateurs physiques, pourtant eux aussi concernés par les enjeux nutritionnels.
L’étude souligne que même dans un championnat aussi structuré que la Premier League, la mise en œuvre des recommandations reste partielle, dépendante de facteurs humains, relationnels et organisationnels autant que scientifiques.
Tout n’est pas sombre : plusieurs éléments facilitent une meilleure intégration de la nutrition dans les clubs, selon les répondants. Parmi eux :
- L’implication directe des entraîneurs dans les discussions nutritionnelles.
- Des retours d’expérience terrain montrant des bénéfices sur la récupération, les blessures ou la performance.
- La présence de dispositifs de suivi individualisé, comme des bilans réguliers, des outils de traçabilité alimentaire ou des consultations personnalisées.
- Une bonne coordination entre nutritionnistes, kinés, médecins et préparateurs, autour d’objectifs communs.
L'étude invite d’ailleurs à renforcer le dialogue interdisciplinaire, pour sortir d’une approche en silo et positionner la nutrition comme un levier transversal de performance et de santé.
Cette recherche ouvre plusieurs pistes concrètes pour améliorer la mise en œuvre du consensus UEFA dans les clubs professionnels :
- Développer des formations spécifiques pour les staffs techniques sur les enjeux de la nutrition.
- Créer des postes de nutritionnistes mieux intégrés hiérarchiquement dans les organigrammes.
- Encourager les échanges de bonnes pratiques entre clubs via des réseaux professionnels.
- Adapter les outils du consensus aux réalités du terrain, avec des fiches pratiques, des check-lists ou des protocoles simplifiés.
Elle souligne aussi le besoin d’un soutien institutionnel accru (UEFA, fédérations, ligues), non seulement pour élaborer les recommandations, mais pour les rendre opérationnelles.